mardi 29 mars 2016

10 - Anno Dracula

Auteur : Kim Newman
Éditeur : Bragelonne

Anno Dracula... Ce roman me faisait de l’œil depuis un moment déjà, grâce à ses nombreuses critiques enthousiastes, au thème pour le moins atypique, mais également grâce à cette superbe couverture qui invite à s'approprier l'objet...

Nous sommes au XIXe siècle,  dans un Londres que l'on connait, mais qui a une particularité : la cohabitation des vampires et des humains. Les non-morts peuvent en effet enfin "vivre au grand jour" suite au mariage de la reine Victoria et de Vlad Tepes, plus connu sous le nom de Dracula. Oui, ce même Dracula protagoniste du roman de Bram Stoker. Et c'est là l'un des principaux intérêts de cette histoire. Kim Newman emprunte personnages, faits et légendes de la littérature du genre, et mêle le tout dans un thriller fantastique haletant. Car vous pensez bien que la cohabitation entre humains et vampires ne peut pas se passer sans heurts, et l'intrigue se précise autour d'un mystérieux personnage, que nous connaissons tous sous le nom de Jack l'Éventreur, qui assassine des prostituées vampires du quartier de Whitechapel.

Beaucoup de personnages nous sont donc tout à fait familiers, comme Dracula bien entendu, mais aussi Jack l'Éventreur, Bram Stoker ou encore Van Helsing... Même Sherlock Holmes est mentionné à l'occasion. Et j'ai été étonnée de la facilité avec laquelle ces personnages littéraires ont été importés et intégrés à cette histoire, le plus naturellement du monde. Mais ceux qui m'ont le plus charmée sont deux protagonistes, Geneviève Dieudonné, une vampire plus ancienne que Vlad Tepes et bien plus sage, et Charles Beauregard, espion agissant pour le compte du mystérieux et intrigant Diogene's Club. Et c'est là mon seul regret concernant ce roman, j'aurais aimé que Geneviève et Charles soient un peu plus étudiés, qu'on gratte un peu plus profond au niveau de leurs caractères et de leurs vécus respectifs. Mais peut-être que ce sera fait dans les trois tomes suivants, je le découvrirai sans tarder.

Donc oui, vous l'aurez compris, Anno Dracula est un roman qui a tout pour plaire, plutôt atypique dans son genre, et je vous conseille de le découvrir, ne serait-ce que par curiosité ! Vous aurez même la chance d'avoir en bonus une fin alternative, qui n'a pas été retenue pour la version finale... À vous de savoir à quelle fin ira votre préférence, moi j'ai préféré la fin officielle !




- Mr Holmes aurait été capable de donner le nom de jeune fille de la mère de Scalpel d'Argent, chuchota Lestrade à Geneviève, et rien qu'en examinant la cendre d'un cigare.

Mary Jane allait toujours à l’église, quand elle le pouvait. On lui avait appris que Dieu pardonnait. Après tout, le Seigneur était revenu du tombeau et avait proposé aux siens de boire Son sang. Tout comme Miss Lucy.

— Si nous étions tous vampires, auprès de qui les vampires se nourriraient-ils ?
— Bah, il suffirait d’importer des Africains ou des autochtones d’Océanie, répondit Moreau sur le ton qu’il aurait employé pour faire remarquer à un arriéré mental que le ciel était bleu. Nous pourrions également élever un cheptel d’animaux inférieurs dans l’échelle de l’évolution à l’homo vampiricus. Si les vampires peuvent changer de forme, les autres créatures aussi.


À l’évidence, une longue existence n’assurait pas un développement proportionné de l’intelligence.  

 

jeudi 3 mars 2016

09 - L'attrape-cœurs

Auteur : J.D. Salinger
Éditeur : Pocket

Holden est un ado paumé de 16 ans, issu d'une famille aisée, qui se fait renvoyer une nouvelle fois de son collège, trois jours avant les vacances de Noël. Craignant d'affronter ses parents, il décide de fuguer. Écrit à la première personne, nous allons donc vivre avec lui, de l'intérieur, ces trois jours d'errance, de réflexions, de rencontres, au hasard des rues new-yorkaises.

L'attrape-cœurs  est un grand classique de la littérature américaine, mais je ne l'ai pas trouvé très évident à lire. Enfin non. Ça se lit plutôt rapidement, il n'y a pas de temps morts, on finit sans peine par s'attacher à ce jeune ado en pleine recherche de soi, mais déjà dès les premières pages, je me suis demandée où l'auteur voulait nous mener... Et ce sentiment ne m'a pas quittée une seconde, jusqu'à la fin de l'ouvrage. Il faut dire que le style narratif est assez déconcertant, c'est un ado qui parle, avec ses tics, ses fautes de langage, son vocabulaire "jeune". Holden erre au rythme de son impulsion du moment, de ses réflexions souvent contradictoires, de ses mensonges... L'innocence de l'enfance est toujours bien présente, mais on distingue déjà nettement les remarques plus pertinentes de l'adulte à venir. 

Je pense que c'est ce thème universel du passage à l'âge adulte et de la remise en question de tout ce qui nous entoure à cette période clé de notre vie qui est tant apprécié dans ce livre, et qui en a fait un classique. Mais pour moi, la question reste la même. Certes, j'ai été contente de partager un peu de cette expérience avec Holden, mais quel est le but de tout ça ? Qu'est-ce que l'auteur a essayé de nous dire ? Je crois que je suis complètement passée à côté de L'attrape-cœurs...



Supposez un très beau gars ou un gars qui se prend pour quelqu’un d’extra, ce type-là il sera toujours à vous demander de lui rendre un grand service. Parce qu’il s’adore il se figure que vous aussi vous l’adorez, et que vous mourez d’envie de lui rendre service. En un sens c’est assez poilant. 

Et j’ai un de ces rires très fort et pas malin. Au point que si jamais un jour j’étais celui qui serait assis derrière moi au cinoche je prendrais la peine de me pencher vers moi pour me dire de la fermer, please. 

J’espère que lorsque je mourrai quelqu’un aura le bon sens de me jeter dans une rivière. N’importe quoi plutôt que le cimetière. Avec des gens qui viennent le dimanche vous poser un bouquet de fleurs sur le ventre et toutes ces conneries. Est-ce qu’on a besoin de fleurs quand on est mort ?