mercredi 30 juillet 2014

32 - Spiridons

Auteur : Camille Von Rosenschild
Éditeur : Don Quichotte
Publié en : 2013

Victor a 18 ans et mène une vie morne dans son village français. N'ayant plus personne, sa seule famille reste son voisin Vassili, un vieil émigré russe, qui lui confie la mission d'apporter à son fils vivant à Moscou une lettre d'une importance capitale qu'il doit lui remettre en mains propres... C'est ainsi que la vie de Victor va prendre un tournant inattendu et irréaliste : le fils est visiblement mort depuis plusieurs années, la lettre en question n'a ni queue ni tête, Victor subit une agression avant d'être sauvé de justesse par une Tzigane entourée de mystères... C'est ainsi que notre jeune protagoniste va se retrouver à travailler pour la vieille Tzigane, Olga, à numériser des comptes-rendus dont il ne comprend rien dans une pièce poussiéreuse. Le décès de la vieille femme annonce le début des problèmes pour Victor, qui doit traverser toute la Russie jusqu'en Ukraine afin d'annoncer à une Maître-Diseuse le décès d'Olga, accompagné de cinq spiridons, des êtres morts depuis plusieurs années, qui possèdent un corps sans véritable substance, mais dont l'esprit est bel est bien encore vivant...

Dès les premières pages, on nage en plein dépaysement, en plein ébahissement également à chaque bizarrerie, à chaque révélation. Camille Von Rosenschild nous dresse un portrait particulièrement original des fantômes et croyances tziganes, sur fond de campagne russe cruelle et sans concession. Ah on est loin des cartes postales pour touristes, ça c'est sûr. On s'attache très facilement à ces spiridons, ils sont émouvants par leur vécu, leur mort et ce qu'il reste d'eux aujourd'hui. Leur condition de "fantôme" donne souvent lieu à des situations drôles, qui font qu'on ne s'ennuie pas du tout à leurs côtés. Victor poursuit sa quête sans en comprendre les tenants et les aboutissants, acceptant petit à petit ces événements surnaturels pour pouvoir continuer à aller de l'avant... Et moi aussi, en tant que lectrice, j'ai suivi avidement son évolution et son histoire pour essayer de donner un sens à toute cette histoire... qui n'est que le premier tome d'une série.

J'ai tout de même un regret, concernant ces moines aux intentions meurtrières que l'on croise au départ de l'aventure puis qui disparaissent pendant les 3/4 du livre. J'aurais bien aimé les recroiser plus souvent, ajoutant ainsi aux aventures rocambolesques de Victor et ses spiridons une course-poursuite qui aurait mis un peu de piment dans certains passages au rythme un peu trop lent.

Spiridons est donc pour moi une très belle découverte, bien distrayante, drôle, émouvante, très bien écrite, que je recommande à tous ceux qui aiment le fantastique, les fantômes, la magie, les croyances populaires et la Russie.


- Des fantômes, osa-t-il, au fond vous êtes des fantômes.
- Ah ben non ! répondit-elle sèchement. Des spiridons. Fantômes, c'est un mot pour les enfants. 


[...] autour de lui, il n'y avait plus que des femmes. Des grosses et des maigres, des grandes, des moyennes ou des minuscules, chauves ou en cheveux... Un véritable gynécée.
Il fut près de se trouver mal.
Une vision furtive vint soulager son inquiétude, il crut apercevoir une moustache, s'en approcha... mais elle était en fait l'apanage d'une large matrone en corset et jupe à volants.

   

mardi 22 juillet 2014

31 - Le ballet des sorcières

Auteur : Jacques Sadoul
Éditeur : éditions du Rocher
Publié en : 2006

J'ai découvert l’œuvre de Jacques Sadoul avec La mort du héros, qui revisitait avec brio la légende des Nibelungen. Dans Le Ballet des sorcières, on quitte le pays des Rêves pour découvrir un monde bien plus proche du nôtre, dans lequel la magie noire, les rites sataniques et les sacrifices humains sont bien réels.

De nos jours... Le comte Aymond de Bruilh, avec la complicité de ses deux enfants, kidnappe des jeunes filles destinées à êtres des offrandes lors de messes sataniques. Le comte essaie désespérément d'appeler dans ce monde Lucifuge Rofocale, un puissant démon, afin qu'il lui permette de retrouver la richesse et la grandeur de ses ancêtres. Mais les choses tournent mal, et seule une ombre incomplète mais pourtant bien meurtrière, apparaît dans notre monde... Heureusement ce sursaut de magie noire appelle également à notre époque la nymphe Mylène, un personnage récurrent de l'œuvre de Sadoul, ainsi qu'un Maître-chat, Aï-d'Moloch. Eux seuls ont les capacités de renvoyer cet être-énergie, mais les choses encore une fois tournent mal et Morguy, la fille du comte, se retrouve propulsée au XVIIe siècle, période funeste pour les sorcières pourchassées et brûlées, notamment sur ordre d'un certain de Lancre...

L'histoire en elle-même ne m'a pas plus emportée que ça, mais cela ne signifie pas que ce roman est inintéressant, bien au contraire. D'un point de vue historique déjà, puisque Jacques Sadoul nous propose ici un récit documenté, le plus réaliste possible, de ce XVIIe siècle et ses mœurs démoniaques, ses chasses aux sorcières... Les personnages fictifs se mélangent sans problèmes aux personnages historiques, pour notre plus grand plaisir. La magie également est très présente dans Le Ballet des sorcières. De la magie noire bien évidemment, basée sur les croyances populaires de l'époque, qui prend vie ici. Et j'ai beaucoup aimé retrouver également la nymphe Mylène, personnage que j'avais découvert et apprécié pour sa duplicité et son mystère dans La mort du héros. On en apprend beaucoup sur ce démon/nymphe, d'où elle vient, ce qu'elle est, pourquoi elle a cette apparence, quels sont ses pouvoirs, ses limites...

Donc même si je n'ai pas trouvé l'histoire en elle-même aussi passionnante que ce que à quoi je m'attendais, j'ai beaucoup apprécié cette lecture pour ce qu'elle apporte comme informations réelles et fictives, et je retournerai très certainement à l'œuvre de Jacques Sadoul très bientôt.




mercredi 16 juillet 2014

20th Century Boys T1

Auteur : Naoki Urasawa
Éditeur : Panini manga
Publié en : 2014 pour la présente édition

La dernière édition de Masse critique sur Babelio m'a permis de découvrir ce grand classique du manga de science-fiction, 20th Century Boys, dans une toute nouvelle édition. Cette édition Deluxe rassemble en effet dans chaque volume deux tomes de l'édition originale (qui en comporte à l'origine 22). Rappelons que 20th Century Boys a remporté de prestigieux prix : Prix de la meilleure série au Festival d'Angoulême en 2004, Grand prix de l'association des mangaka japonais 2008, Grand Prix Japan Expo Awards 2008.

L'histoire se déroule entre 1969 et 1997. En 1969, nous suivons un groupe d'enfants qui se réunissent régulièrement dans une "base secrète" au milieu d'un champ à l'abandon, et inventent pour jouer une histoire dans laquelle ils se battent contre une organisation maléfique pour sauver le monde. Parallèlement, nous suivons les événements de 1997. L'un de ces enfants, Donkey, s'est suicidé, et ses anciens amis, qui s'étaient plus ou moins perdus de vue, se retrouvent à sa veillée funèbre. Kenji, l'un deux, se retrouve malgré lui à enquêter sur une secte qui monte en puissance et qui utilise un mystérieux symbole comme signe de ralliement : le même symbole que ces gamins utilisaient lorsqu'ils jouaient aux héros en 1969.

Entre passé et présent, le lecteur va rapidement être plongé au cœur d'un thriller haletant à la recherche de la réponse à tous ces mystères qui vont survenir dans la vie de ces personnages. J'ai trouvé que cette histoire est tout simplement géniale, c'est prenant, bien rythmé, le suspense ne manque pas, l'intérêt s'accroit de plus en plus au fur et à mesure de la lecture. Les personnages sont nombreux mais chacun a sa particularité et son importance (j'ai particulièrement aimé Kanna ^_^). Et je n'ai lu que le début ! Il va falloir que je me procure la suite très rapidement, car je meurs d'envie de connaître la suite et le fin mot de cette histoire si prenante. 

Un grand merci à Babelio et aux éditions Panini manga pour la découverte de ce chef-d’œuvre du manga de science-fiction.


samedi 12 juillet 2014

30 - L'Épée de vérité T2 - La Pierre des Larmes

Auteur : Terry Goodkind
Éditeur : Bragelonne
Publié en : 2003

J'ai attendu plus d'un an pour découvrir la suite de La première leçon du sorcier, deuxième tome de la célèbre saga L'Épée de vérité de Terry Goodkind.  J'avais beaucoup aimé le premier tome, mon avis est un peu plus mitigé concernant la suite des aventures de Richard le Sourcier.

Pourquoi un avis plus mitigé ? À cause de Richard pour commencer, que je trouve rageant et puéril. À cause de sa relation avec Kahlan ensuite, que je trouve niaise à souhait. À cause des nombreuses similitudes avec mes grandes sagas favorites, comme par exemple les Sœurs de la Lumière / Sœurs de l'ombre, qui sont une bien pâle copie des Aes Sedai de Robert Jordan (ça m'a d'ailleurs donné envie de me replonger dans La Roue du temps...). Voilà pourquoi.

Mais malgré ces petits désagréments, j'ai rapidement été entraînée par le récit. J'ai adoré les tactiques militaires de Kahlan, astucieuses, dangereuses et culottées, nous offrant ainsi une bataille haletante et mémorable contre l'Ordre Impérial. J'ai adoré découvrir les différents peuples que Richard rencontre au long de son périple, et son apprentissage de cette magie particulière endormie au fond de lui. J'ai adoré suivre Zedd et Adie dans la quête qui va les priver de tout ce qu'ils sont. Et j'ai retrouvé ce qui m'avait tant plu au premier abord, à savoir une aventure pleine de rebondissements, d'action, de magie, une écriture prenante et accrocheuse, du divertissement à chaque page...

Alors oui il y a des points négatifs, mais j'ai quand même passé un très bon moment de lecture, et c'est ce qui compte, non ?

A bientôt pour le troisième tome, donc.


La patience est sa meilleure arme, car il a l’éternité à sa disposition.

Il se fichait comme d’une guigne des prophéties ! Pour lui, ce n’était rien d’autre que des devinettes, et il détestait ces jeux idiots. Si une chose semblait assez grave pour qu’on la dise, pourquoi l’exprimer d’une façon emberlificotée ? 

Vanter les mérites d’un régime végétarien ne fait aucun bien aux moutons si les loups refusent de changer d’habitudes alimentaires.

  

vendredi 4 juillet 2014

29 - Neverwhere

Auteur : Neil Gaiman
Éditeur : J'ai Lu
Publié en : 1998

Cela fait bien longtemps que ce roman de Neil Gaiman me fait de l’œil, bien longtemps que je me dis qu'il faut que je le lise, et cinq minutes que je l'ai refermé et que je me mords les doigts d'avoir tant attendu pour me plonger enfin dans Neverwhere.

Nous suivons dans ce roman les aventures de Richard, trentenaire menant une vie paisible à Londres, fiancé, avec un bon boulot... Un jeune homme profondément gentil et sans problèmes. Mais voilà, le jour où son chemin croise celui d'une jeune fille en haillons et blessée implorant son aide, Richard ne peut s'empêcher de l'amener chez lui. Elle s'appelle Porte, sa famille a été massacrée par deux individus qui sont à sa recherche, et ce jour marque la fin de la vie de Richard dans le Londres d'En Haut. Car dans Neverwhere, Neil Gaiman a créé un Londres fantôme en marge de celui que l'on connait : le Londres d'En Bas, inconnu du commun des mortels, et dans lequel mendiants, criminels et monstres font la loi. Un monde dominé par la magie et les ténèbres, un monde où nos cauchemars prennent vie et dans lequel notre existence ne tient qu'à un fil...

Évidemment, Richard ne souhaite qu'une chose, retrouver sa vie. Le seul moyen d'y arriver est d'aider Porte dans sa quête de vérité, et il va rejoindre ainsi la jeune fille et ses compagnons : le marquis de Carabas, un personnage énigmatique, et Chasseur, une impitoyable et mystérieuse garde-du-corps.

J'ai adoré. Tout. La galerie de personnages déjà, tous plus loufoques les uns que les autres... Puis les aventures de Richard dans ce monde inconnu et tellement improbable, donnant lieu à des situations pleines de surprises et des dialogues souvent très comiques... Mais surtout, ce Londres d'En Bas, ville miroir de celle d'En Haut et tellement mystérieuse, magique, sombre et colorée à la fois, pleine de fantaisie, d'humour, de cruauté... Un Londres réinventé et fascinant !

J'ai adoré (je me répète, je sais ^_^), et je sais que Neverwhere est un roman que je prendrai beaucoup de plaisir à redécouvrir encore et encore !


Un moment, en se réveillant, il n'eut aucune idée de qui il pouvait bien être. C'était une sensation de délivrance immense, comme s'il avait toute liberté de devenir ce qu'il voulait : devenir n'importe qui - endosser n'importe quelle identité ; homme ou femme, rat ou oiseau, monstre ou dieu. 

- Excusez-moi, dit-il. Je sais que c'est une question indiscrète. Mais êtes-vous cliniquement fou ?
- La chose est possible, quoique très improbable. Pourquoi ?
- Parce qu'il faut bien que l'un de nous deux le soit. 

- Il en est des villes comme des gens, monsieur Vandemar, énonça précieusement M. Croup. La condition de leurs entrailles est de prime importance.