jeudi 26 juin 2014

28 - Les Enfants de Dynmouth

Auteur : William Trevor
Éditeur : Phébus
Publié en : 2014

Écrit en 1976, ce n'est que cette année que ce roman de William Trevor a trouvé preneur en France. L'auteur nous présente Dynmouth comme une charmante petite ville anglaise, tranquille, où il fait bon vivre. Ses habitants semblent être des gens tout à fait normaux, connaissant les problèmes classiques de tout un chacun, ni plus ni moins. Mais c'est sans compter sur Timothy Gedge, un adolescent particulièrement pervers et farceur, qui, sous couvert de trouver les accessoires dont il a besoin pour son numéro à la kermesse de Pâques, va divulguer au fur et à mesure du roman un poison de plus en plus violent dans la vie rangée de ces braves gens... Rumeurs avérées ou non, Timothy n'hésite pas à clamer sa vérité à qui veut l'entendre, allant même jusqu'à faire du chantage pour obtenir ce qu'il souhaite.

Après un début de roman un peu lent, l'intérêt du lecteur est vite titillé par ce gamin, Timothy, que William Trevor présente très rapidement comme un enfant abandonné par son père, délaissé et négligé par sa mère et sa sœur, qui, pour tromper l'ennui et la solitude, passe ses journées à espionner son entourage. Le portrait psychologique de Timothy est des plus intéressants, et fait vraiment tout l'intérêt du roman, éveillant tout à la fois la pitié, la compassion, mais surtout l'agacement et la colère. D'ailleurs j'aurais bien aimé que l'un des personnages ait le cran de lui donner la correction qu'il mérite pour son comportement ! Mais voilà, les secrets des uns et des autres étant révélés au fur et à mesure de l'histoire, chacun se retranche sur ses malheurs et laisse le garnement mener son affaire comme bon lui semble, brisant ainsi petit à petit ce tableau de "gentille ville où il fait bon vivre"... Toute cette mise en scène de William Trevor contribue à créer une atmosphère de plus en plus oppressante à l'histoire, et souvent malsaine, entretenant sans peine le malaise du lecteur, et qui va crescendo tout au long du roman. La fin m'a beaucoup plu, je l'ai trouvée très jolie et émouvante. Et pour ne rien gâcher, l'écriture est pleine de délicatesse, de finesse, amenant chaque chose à sa place le plus justement possible.

Une belle découverte donc, que je dois encore une fois à Babelio et aux éditions Phébus. Merci !


Timothy Gedge avait une quinzaine d’années, il était en plein dans cet âge dit ingrat, le visage carré, anguleux, les épaules maigres, les cheveux courts presque blancs, un regard vorace qui lui donnait l’air prédateur, les joues creuses. Il portait toujours les mêmes vêtements : un jean jaune pâle, un blouson jaune à fermeture éclair et, la plupart du temps, un tee-shirt jaune lui aussi. Il vivait avec sa mère et sa sœur, Rose-Ann, dans un lotissement social appelé « Cornerway ». Inscrit au lycée de Dynmouth, ce n’était pas un élève particulièrement brillant. Il adorait jouer des tours, une habitude qui le faisait parfois paraître excentrique. Il riait souvent, d’un grand sourire jusqu’aux oreilles. 

  

dimanche 22 juin 2014

27 - Les Lames du Cardinal - Intégrale de la trilogie

Auteur : Pierre Pevel
Éditeur : Bragelonne
3 tomes publiés en : 2007-2009-2010

Souvenez-vous, Pierre Pevel a été l'un de mes gros coups de cœur de l'année dernière, lorsque j'ai eu la bonne idée d'ouvrir ses Enchantements d'Ambremer... Totalement envoûtée par ce premier tome, je me suis ensuite plongée dans L'Élixir d'oubli, tout aussi passionnant. J'ai cependant eu un autre coup de cœur l'année dernière, à la lecture des célèbres Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas. Vous comprenez ainsi que je n'ai pas hésité une seconde à acquérir cette superbe intégrale de Pierre Pevel, Les Lames du Cardinal, dans laquelle cet auteur que j'adore plonge son intrigue dans l'univers si passionnant d'Alexandre Dumas. 

Que sont donc ces Lames du Cardinal... Pour faire simple, je dirais que les Lames sont à Richelieu ce que les Mousquetaires sont au roi. Ou plutôt devrais-je parler au passé, car l'intrigue commence 5 ans après la dissolution des Lames, alors que Richelieu rappelle leur capitaine, La Fargue, afin de former à nouveau cette unité d'élite pour une mission particulièrement sensible... Et là, on entre à nouveau dans cet univers des Trois Mousquetaires, entre complots politiques, combats à l'épée, intrigues de cour, amours interdites, trahisons... Les Lames du Cardinal est ainsi un véritable roman de cape et d'épée qui, je peux le dire, m'a autant enthousiasmée que la célèbre trilogie de Dumas.

Mais qu'en est-il de l'univers de Pierre Pevel là-dedans ? Ne croyez pas que l'auteur s'est complètement effacé face au géant Dumas. Au contraire, il a réussi à mêler habilement son univers fantastique à la fiction historique. Les dragons et la magie sont bien présents dans ce récit, et sont même au cœur de l'intrigue. Et là où je dis que c'est habilement fait, c'est qu'ils s'intègrent tellement bien qu'on n'y trouve aucune bizarrerie ! Jusqu'à la dernière ligne, Pierre Pevel parvient sans peine à nous raconter une version alternative de l'histoire de France, sur fond de dragons et de puissante magie.

J'aime, j'aime et j'aime (et j'en veux encore) !

En prime, voici les trois couvertures de la trilogie originale (encore du beau travail de nos amis Bragelonniens)...
 



— L’important, se reprit le vieux soldat en agitant la jambe de bois tel un sceptre… L’important est que ce jean-foutre présente des excuses. Jean-foutre, madame attend.
— Madame, gémit l’autre avant de tâter encore de sa prothèse, je vous prie d’accepter mes plus sincères et plus respectueuses excuses. J’ai manqué à tous mes devoirs, ce que ma piètre nature, mon éducation négligée et mes habitudes déplorables ne sauraient justifier. Je promets de surveiller désormais ma conduite et mes actes et, conscient de mes fautes, je m’en remets à votre bienveillance. J’ajoute que je suis laid, que ma bouche sent comme le cul et que l’on ne peut croire, à ma vue, que le Très-Haut fit Adam à son image.


Elle était d’une beauté sévère et farouche qui frappait : silhouette élancée, port fier, teint pâle, yeux verts, lèvres sombres et pleines, longue chevelure noire dont une natte ne réussissait jamais à contraindre les lourdes boucles bien longtemps. Mais on s’étonnait surtout de ses cuissardes, de ses chausses noires et de son corset de cuir rouge passé sur une chemise blanche. C’était un accoutrement pour le moins audacieux. Et non contente de s’afficher ainsi en public, non contente de sortir en cheveux, elle portait l’épée et montait à cheval comme un homme. Vraiment, il y avait là matière à scandale…

 

mardi 3 juin 2014

26 - Les quinze premières vies d'Harry August

Auteur : Claire North
Éditeur : Delpierre
Publié en : 2014

Je suis particulièrement chanceuse en ce moment En effet, j'ai eu l'occasion de découvrir ce roman de Claire North qui fait d'ores et déjà fureur au Royaume-Uni... D'où un teaser qui n'a pu qu'éveiller ma curiosité (ci-contre). 

Les quinze premières vies d'Harry August nous relate l'histoire d'un homme qui, à chaque mort, renaît et doit revivre la même vie, tout en conservant les souvenirs de son ancienne vie. Tout cela pose évidemment de nombreuses questions : pourquoi ce cycle infernal ? que faire de ces connaissances acquises lors des précédentes vies ? a-t-on le droit, en sachant ce qu'il va advenir, d'influer sur le cours de l'histoire ? y a-t-il d'autres personnes dans la même situation ?

Harry August va donc employer son temps au travers de ses différentes vies à élucider tous ces mystères et comprendre qui il est réellement et quel est son destin...

J'ai trouvé cette histoire surprenante et passionnante. Harry nous raconte ses différentes vies de manière décousue, reliant les éléments selon leurs relations de causes à effets, revenant sur des rencontres particulières, des moments intenses, douloureux, des événements qui ont influé sur les choix qu'il fera dans ses vies à venir. Et la grande question qui nous reste en tête est de savoir à quel point chaque décision de notre vie peut influer sur le futur de toute l'humanité. Bon, je suis quand même consciente qu'à mon niveau, tourner à droite ou à gauche au prochain carrefour ne va pas mettre en danger grand monde, mais quand même, le questionnement est bien là, et c'est ce qui fait tout l'intérêt de cette lecture.

Je qualifierai ce livre de thriller temporel (je ne sais pas si ce terme existe, mais c'est ce qui me vient à l'esprit). Je l'ai trouvé génial, prenant, haletant, surtout la seconde moitié du livre. Si vous voulez une intrigue originale et pleine de suspense, alors n'hésitez pas, Les quinze premières vies d'Harry August est un roman qui ne vous laissera certainement pas indifférent !


Je portais mon corps d’enfant comme une vieille femme aurait porté un bikini minuscule offert par une amie aux os friables.

Un officier américain très sérieux appelé Walter S. Brody m’enseigna les mystères du baptisme, de l’anabaptisme, du mormonisme et du luthéranisme, concluant : « Ma m’man les a tous essayés à un moment ou à un autre, et elle a découvert que le meilleur moyen de parler à Dieu, c’est de le faire seul. »

Au nom de la guerre, les hommes s’autorisent à tuer leur prochain. Au nom d’une croisade, ils sont dans l’obligation morale de le détruire.