mardi 30 avril 2013

22 - L'Eternel

Auteur : Joann Sfar
Éditeur : Albin Michel
Publié en : 2013

Je l'attendais avec beaucoup d'excitation, ce premier roman de Joann Sfar. J'aime beaucoup son œuvre (du moins le peu que j'en ai vu et lu), et l'humour qu'il glisse au travers de ses histoires. Et, autant le dire tout de suite, je n'ai pas du tout été déçue par L’Éternel, qui m'a fait passer un très bon moment.

Ce roman est du grand n'importe quoi, mais dans le bon sens du terme. Dès qu'on croit qu'on comprend de quoi ça parle et quelle est l'histoire, un rebondissement nous ramène au point de départ, et nous devons changer systématiquement notre point de vue sur l'histoire. Tantôt récit de guerre avec ses horreurs, ses victimes, ses viols... tantôt récit fantastique, avec la naissance du vampire et la découverte de sa condition... tantôt conte avec son lot de créatures surnaturelles... tantôt réaliste avec le retour à la psychanalyse terre à terre... tout ça pour mener à un grand tout qu'on ne peut catégoriser, mais un grand tout franchement distrayant ! J'ai été écœurée par certains passages, émue par d'autres puis j'ai éclaté de rire à plusieurs reprises, et à aucun moment je ne me suis ennuyée. Alors oui, je m'attendais à aimer ce livre, mais je ne m'attendais pas du tout à ce genre d'histoire et j'ai été très agréablement surprise...

Certes, on peut dire qu'il s'agit d'un énième roman de vampires, et je n'irai pas jusqu'à clamer que Joann Sfar a renouvelé le genre. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il parvient avec cet Éternel à surprendre et à distraire. Que demander de plus ?


"Le vampire poussa un cri qu'il ne connaissait pas. Si l'on avait écrasé une scolopendre et qu'en expirant elle se fût vidée de son air, et si l'air expurgé avait traversé une crécelle, peut-être aurait-on obtenu un bruit semblable."

"Il se force à ne pas me sauter dessus. Il essaie de se convaincre que je ne suis pas son dîner, ou qu'il n'a pas faim. Combien de temps ça reste efficace, chez un vampire, le surmoi ?"

"Mon petit, lâcha-t-il, un chrétien qui s'adonne à la psychanalyse me semble aussi incongru que Madonna avec son bracelet de kabbaliste !" 

  

mercredi 24 avril 2013

21 - Deux d'un coup

Auteur : Liviu Rebreanu
Éditeur : Les éditions Noir sur Blanc
Publié en : 1995

A l'occasion du Salon du Livre 2013, qui honorait la littérature roumaine, le blog CaroLire a proposé plusieurs ouvrages d'auteurs roumains. Suite à un vote "du public", me voici avec ce petit roman policier de Liviu Rebreanu dans les mains.

Deux d'un coup commence par la découverte d'un couple âgé assassiné à son domicile. Ils étaient riches et particulièrement avares, au point de vivre comme des malheureux et de ne quasiment rien manger afin d'épargner encore plus d'argent. Entre la famille qui se dispute l'héritage et les voisins envieux qui sont dans le besoin, le nombre de coupables potentiels a de quoi occuper le juge Dolga pendant quelques temps. Les interrogatoires se suivent, et le juge arrive très rapidement à discerner qui, selon lui, est le meurtrier, espérant que cela lui donnera la promotion et la renommée qu'il attend impatiemment...

Avec Deux d'un coup, le choc des cultures est rude. Nous sommes plongés dès le début au cœur d'une petite ville roumaine, avec des noms très bizarres qu'on a du mal à retenir, une église orthodoxe à laquelle on est peu habitués, et des mentalités bien différentes de chez nous... Mais c'est ce dépaysement que j'apprécie et que je recherche lorsque je lis un roman étranger. L'histoire en elle-même est très bien ficelée, l'enquête, sans être palpitante, présente des pistes assez brouillées pour rendre le lecteur confus et incertain. Mais, à ma plus grande fierté, pour une fois mes soupçons étaient fondés (c'est suffisamment rare pour que je le note ici !). J'ajoute également que j'ai particulièrement aimé la fin, très juste et émouvante.

En bref un univers et une histoire que j'ai pris grand plaisir à découvrir... J'aimerais bien poursuivre mon initiation à la littérature roumaine avec une histoire plus portée sur la vie, les mœurs, les us et coutumes...



"Quel crime horrible, messieurs ! dit le policier, qui avait envie de parler. C'est signe que nous commençons à nous civiliser et à ressembler à une grande ville !"


vendredi 19 avril 2013

20 - Vivants

Auteur : Isaac Marion
Éditeur : Bragelonne
Publié en : 2011

Très bien accueilli par les critiques et les lecteurs, ce roman me faisait de l’œil depuis un moment déjà. C'est donc avec beaucoup d'attentes que je me suis plongée dans cette histoire d'amour atypique entre un zombie et une vivante.

Suite à une catastrophe dont on ne sait rien, R n'est plus qu'un corps parmi d'autres, déambulant jour et nuit dans un aéroport, entouré d'autres corps comme lui. R est plutôt bien conservé comparé à ses congénères, mais comme eux il ne peut quasiment plus parler et exprimer ce flot de paroles et d'émotions qui envahissent son esprit. Il ne ressent plus rien, ne se souvient de rien, n'attend rien de sa mort... Les seuls souvenirs dont il dispose sont ceux de ses victimes vivantes, lorsqu'il mange leur cerveau. Lors d'une chasse aux vivants pendant laquelle un groupe de jeunes est attaqué, R, envahi des souvenirs de Perry dont il est en train de se délecter, tombe sous le charme de la petite amie de celui-ci, Julie. A partir de ce moment, il va commencer à changer. Il sauve Julie des crocs de ses "amis" zombies et la cache en sécurité dans l'avion qui lui sert de logement. D'abord effrayée, la jeune fille va vite comprendre que R est bien plus qu'un simple corps animé et qu'il ne lui veut pas de mal... R de son côté va réapprendre la vie, l'amour, les sensations, la douleur, aux côtés de celle dont il est tombé amoureux.

C'est une histoire à la Roméo et Juliette qu'on découvre ici, dans Vivants. Deux camps s'opposent, deux êtres tombent amoureux malgré tout ce qui les sépare et vont lutter pour changer un monde qui est en train de mourir... J'ai bien aimé les descriptions du quotidien des zombies, leur organisation (les mariages, les enfants, comment les plus vigoureux chassent pour nourrir les plus "morts"...). Dans un sens, ce semblant de vie y ressemble plus que le quotidien des vrais vivants, enfermés dans leur stade comme dans une prison, privés de tout et soumis à des règles bien trop strictes, qui les mènent au désespoir plus qu'à la vie.

La lecture est facile, rapide, j'ai bien aimé l'atmosphère qui se dégage de ce roman, à la fois sombre et pleine d'espoir. Il n'y a rien d'exceptionnel dans cet ouvrage d'Isaac Marion (au vu des critiques, je m'attendais quand même à mieux), mais c'est une lecture plaisante et originale.

Pour finir, quelques petites remarques par rapport à l'adaptation cinématographique Human bodies. Pour une fois, j'ai vu le film avant de lire le livre, et j'ai bien aimé car je l'ai trouvé drôle, ce qui ne se retrouve pas du tout dans le livre, qui est bien plus profond et sérieux. Avec du recul je me dis que ce film aurait été bien nul sans cet humour, car l'histoire est très peu développée et très pauvre par rapport au livre, et c'est dommage. Au final, ça reste un film pour ados, et je suis bon public, n'est-ce pas ?


"Tu n'as tout de même pas envie de rester mort toute ta vie ?"

"Mais ce qui me rend triste, c’est d’avoir oublié nos noms. C’est ce qui me semble le plus tragique. Le mien me manque et je déplore la perte de ceux des autres, parce que je voudrais les aimer, mais je ne sais pas qui ils sont. "

"Je tressaille à son usage du mot "humain". Je n'ai jamais aimé cette différenciation. Elle est Vivante et je suis Mort, mais je préfère penser que nous sommes tous deux humains."




mardi 16 avril 2013

19 - Exhumer l'ombre

Auteur : Storm Constantine
Éditeur : L'Oxymore
Publié en : 2001


Exhumer l'ombre est la suite d'Enterrer l'ombre, que j'ai découvert il y a peu à la médiathèque, et que j'ai beaucoup apprécié. Nos personnages continuent ici leur quête de la vérité, dans une parfaite continuité avec le premier tome (ce qui est normal puisque dans la version originale il n'y a qu'un seul livre). J'ai donc retrouvé avec un grand plaisir Gimel et Rayojini dans ce monde sombre et beau créé par Storm Constantine. 

Mais je dois avouer que je ne m'attendais pas du tout à cette histoire, qui va de surprise en surprise. Tout ce qui a été mis en place dans Enterrer l'ombre aurait dû avoir une suite logique qui n'a pas du tout eu lieu, tellement les rebondissements et retournements de situation se suivent. On finit, tout comme nos personnages, par être confus, par ne plus savoir qui est qui, quel est le bien et le mal, où est la vérité dans ce flot incessant d'informations contraires... Et on attend avec impatience de tourner la page pour découvrir le fin mot de cette histoire étrange, originale et magnifique. Une lecture qui m'a beaucoup touchée et une écriture sublime...



"Il était nu, pas même vêtu de chair. Ses cheveux étaient des flammes, étaient lumière. Ses ailes étaient engoncées dans les angles de la pièce. Il était trop grand pour l'espace. Il l'occupait entier."

"Mes pouvoirs, dont j'étais si fière, pouvaient n'être pas plus grands que ceux d'une fourmi, en comparaison des pouvoirs de ceux auxquels je pourrais être opposée."

"A un moment, je vis le bassin virer au rouge, l'instant d'après, le temps avait cessé de galoper autour de moi. J'étais seule, comme peut-être je l'avais toujours été. Il n'y avait aucun cloître, aucun lys, rien. Je me tenais dans une grande rue, longée de hauts murs, totalement seule."

 

vendredi 5 avril 2013

18 - Jurassic Park

Auteur : Michael Crichton
Éditeur : Pocket
Publié en : 1992

Bon, déjà, il faut savoir que je n'ai jamais vu le film. C'est donc l'esprit totalement vierge de toute interprétation que je me suis lancée dans ce livre qui, a priori, ne m'intéressait pas (je ne suis pas vraiment fan des dinosaures...). Mais on m'a dit qu'il était vraiment génial, je me suis donc laissée tenter... Et j'ai tout simplement a-do-ré.

Loin d'un livre banal sur des dinosaures qui bouffent tout le monde, on a ici un vrai "thriller génétique", qui pose de vraies questions sur des problèmes d'éthique toujours d'actualité, de par les formidables avancées scientifiques de ces dernières décennies. On peut tout à fait supposer et croire qu'il est possible de retrouver de l'ADN de dinosaure et de recréer ces espèces disparues il y a si longtemps... (si ça se trouve c'est vraiment possible ???). C'est ce qui m'a au premier abord le plus plu dans cet ouvrage, le réalisme qu'il affiche à tout moment, en faisant intervenir des sciences différentes telles que la paléontologie  la génétique, les mathématiques et l'informatique. Il y a bien sûr ensuite les personnages, des experts dans leur domaine, dont Alan Grant, si charismatique et sympathique. L'histoire est très bien ficelée, prend le temps de se mettre en place, et devient rapidement addictive et haletante. Le suspense est à son comble tout au long du roman, on en vient rapidement à dévorer ce livre...

Une très belle surprise, et ce qu'il y a de mieux encore, c'est que la suite (Le monde perdu) est apparemment très bien également. A lire très bientôt.

 
"Vous voulez fabriquer des animaux préhistoriques et les faire vivre sur une île ? Parfait... C'est un beau rêve, une idée séduisante. Mais cela ne se passera pas comme prévu. C'est un projet dont l'évolution est imprévisible, comme celles des conditions atmosphériques."

"Tous les changements d'importance sont comme la mort. On ne peut voir ce qu'il y a de l'autre côté avant d'y être arrivé."

"Le T-rex était un animal énorme, mais il ne possédait pas une grande intelligence alors que le vélociraptor, s'il ne dépassait pas la taille d'un homme, était à l'évidence un animal extrêmement vif et intelligent."