lundi 18 mars 2013

15 - L'écume des jours

Auteur : Boris Vian
Éditeur : 10/18
Publié en : 1992

Lecture de jeunesse, je me souvenais de ce roman comme d'un grand n'importe quoi totalement loufoque... Le relire m'a fait prendre conscience d'une chose : je n'étais pas apte à l'époque à comprendre la beauté et la subtilité de cette merveilleuse histoire d'amour, qui est l'une des plus belles et émouvantes que j'ai pu lire jusqu'ici.

Car j'ai été bien inspirée d'entamer cette relecture de L'écume des jours. Je me suis régalée du début à la fin, aussi bien avec cette histoire si décalée et cet univers si surréaliste, que par la prose même de Boris Vian, mélange de poésie, de rêve et de mélancolie. On est ici dans un monde qui semble naïf, un monde où tout est possible, où les anguilles gourmandes tombent des robinets de la cuisine, où les passants peuvent se lover dans la rue dans un nuage plein de douceur et de tranquillité, où le verre des carreaux cassés repousse tout seul, où les murs respirent, où... Je pourrais continuer comme ça pendant longtemps, sans parvenir à rendre compte de la fantasmagorie de ce monde. L'histoire est pourtant loin d'être naïve, loin de là, puisqu'on retrouve sans peine sous toute cette poésie les inquiétudes intemporelles de notre société. Au départ belle et drôle, l'intrigue suit une surprenante évolution jusqu'à un final des plus émouvants. 

Une lecture qui, vous l'aurez compris, m'a envoûtée, et que je recommande sans modération.


"C'est parce qu'on leur a dit : "Le travail, c'est sacré, c'est bien, c'est beau, c'est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout." Seulement, on s'arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter."

"Partre s'était levé et présentait au public des échantillons de vomi empaillé. Le plus joli, pomme crue et vin rouge, obtint un franc succès."

"La souris se croisa les bras et se mit à mâchonner d'un air absent, puis recracha précipitamment en sentant le goût du chewing-gum pour chats. Le marchand s'était trompé."



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