vendredi 29 mars 2013

17 - L'appel de Cthulhu

Auteur : H.P. Lovecraft
Éditeur : Pocket
Publié en : 1975

J'ai très souvent entendu parler de Lovecraft et de cette mythologie cosmique, sombre et terrifiante, qui l'entoure, et à côté de laquelle l'homme semble réellement petit et insignifiant. Impossible dans ce cas de passer à côté de Cthulhu et du fameux Necronomicon

Ce recueil de nouvelles tourne autour de sujets communs : la démonologie, la nécromancie, la sorcellerie, la magie noire... et surtout la terreur et la folie que peuvent provoquer de tels phénomènes chez ceux qui cherchent à en savoir plus. C'est avec une écriture classique mais efficace que Lovecraft nous immerge petit à petit dans différents aspects de sa mythologie, tous plus effrayants les uns que les autres. En tant que lecteur, on ne peut que s'accrocher et subir, car évidemment il est impossible de refermer ce livre à n'importe quel moment. Le point final de chaque histoire nous laisse intrigués, terrifiés, et curieux d'en découvrir plus, au risque d'y perdre nous aussi notre santé mentale... Mais...

Histoire après histoire, j'ai fini par éprouver de la lassitude. Certes les découvertes que nous faisons à chaque fois sont variées et toujours aussi prenantes, mais le schéma de chaque nouvelle est finalement assez répétitif,  et au final j'étais pressée d'en finir avec cet Appel de Cthulhu. J'ai réellement adoré ce monde créé par Lovecraft, plus ancien et gigantesque que tout ce que nous connaissons, et j'aimerais beaucoup découvrir d'autres ouvrages de l'auteur (j'ai déjà lu L'affaire Charles Dexter Ward, que j'avais adoré), j'ai juste eu un peu plus de mal avec le format (nouvelles) de celui-là, peut-être nécessaire pour appréhender la complexité et l'horreur de cette mythologie.


"Il y a des qualités vocales qui sont particulières aux hommes et d'autres, particulières aux bêtes. Or, il est effrayant d'entendre l'une quand la source dont elle provient devrait produire l'autre."

"Quand j'en ouvris les pages jaunies, je reculais sous l'effet d'une révulsion involontaire devant l'odeur qui s'en élevait - une odeur plus que suggestive d'une décomposition physique. C'est comme si le livre avait reposé auprès de cadavres dans quelque cimetière oublié et qu'il se fût chargé des relents de la charogne."

"Ne sommes-nous pas faits de chair et de sang ? Il est tout naturel que nous soyons révoltés et horrifiés quand on nous montre de la chair et du sang en état de corruption et de décomposition, des vers qui se promènent dessus et dessous. "

  

mardi 26 mars 2013

16 - Enterrer l'ombre

Auteur : Storm Constantine
Éditeur : L'Oxymore
Publié en : 2001

Enterrer l'ombre : " invoque un émerveillement venu d'un autre monde, beauté et poésie,
élégance aristocratique... complexe et évocateur. "         (Starbust)

" ... un véritable chef-d’œuvre de la Fantasy dans lequel Storm Constantine revisite
le mythe vampirique de la façon la plus surprenante et la plus belle qui soit. "          (Elegy)


Ces quelques mots en 4e de couverture ont piqué ma curiosité. Comment peut-on encore surprendre avec le mythe vampirique ? Et bien Storm Constantine y arrive très bien avec Enterrer l'ombre. La lecture de ce roman nous plonge dans un univers d'une originalité passionnante, avec des personnages à contre-courant de ce que nous avons déjà pu lire, et une histoire qui (selon moi) ne ressemble à rien de ce qui existe dans la littérature du genre... Une histoire que je ne classerais pas dans la catégorie vampire, car ce n'est pas lui faire honneur.

Commençons par les Eloims, une race très ancienne jouissant de la vie éternelle, dont les mœurs ressemblent beaucoup à ceux de la haute aristocratie : raffinement, élégance, et bien sûr une étiquette très pointilleuse et une hiérarchie très marquée. Ce sont en général des Artisans, des artistes peintres, chanteurs, acteurs, qui vivent leur art avec passion et se nourrissent de l'ichor des humains (inconscients de la présence de tels êtres parmi eux). Afin d'assurer leur subsistance et leurs secrets, les Eloims font appel à des Mécènes, des humains très riches et puissants qui leur fournissent protection, discrétion et nourriture en échange de leur Art. Enfin il y a les terrâmiens, des humains "initiés" qui sont formés dès le plus jeune âge à pénétrer la terrâme des personnes malades afin de les soigner.

Dans Enterrer l'ombre, nous suivons un récit à deux voix, celles de Rayo, une jeune terrâmienne, et de Gimel, une Eloim. Car une étrange maladie pousse depuis quelques temps les Eloims à se suicider, et Gimel, accompagnée de son frère jumeau Beth, pense que seule une puissante terrâmienne peut pénétrer leurs esprits et comprendre la raison de ce mal. C'est ainsi que Gimel va créer un lien avec la jeune Rayo, à peine intitiée, et l'accompagner discrètement tout au long de sa formation afin de la préparer à affronter la terrâme particulière des Eloims.

Cette histoire est vraiment étrange, et c'est ce qui lui donne tout son charme. Dans Enterrer l'ombre, tout est beau, que ce soit la violence, l'amour, la mort... Les deux narratrices nous racontent avec beaucoup de calme les événements, les paysages, les personnages, leur recherche de la vérité. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'action ou de poussée d'adrénaline dans ce roman, mais juste qu'on prend le temps de le lire, et qu'on prend du plaisir à y passer du temps, malgré quelques longueurs qui passent presque inaperçu. Une très belle découverte pour moi, je vais d'ailleurs m'empresser de lire le 2e (et dernier) tome !


"Vraiment, j'adore les humains malgré toutes leurs faiblesses. Ils ont cette immédiateté, cette vivacité qui manque à la race Eloim ; leur enthousiasme grossier est touchant."

"La matière de la terrâme est malléable ; il est possible de donner forme à tout ce qui nous est nécessaire, simplement par le pouvoir de la pensée, que ce soit du feu, de l'acier ou de la glace."



lundi 18 mars 2013

15 - L'écume des jours

Auteur : Boris Vian
Éditeur : 10/18
Publié en : 1992

Lecture de jeunesse, je me souvenais de ce roman comme d'un grand n'importe quoi totalement loufoque... Le relire m'a fait prendre conscience d'une chose : je n'étais pas apte à l'époque à comprendre la beauté et la subtilité de cette merveilleuse histoire d'amour, qui est l'une des plus belles et émouvantes que j'ai pu lire jusqu'ici.

Car j'ai été bien inspirée d'entamer cette relecture de L'écume des jours. Je me suis régalée du début à la fin, aussi bien avec cette histoire si décalée et cet univers si surréaliste, que par la prose même de Boris Vian, mélange de poésie, de rêve et de mélancolie. On est ici dans un monde qui semble naïf, un monde où tout est possible, où les anguilles gourmandes tombent des robinets de la cuisine, où les passants peuvent se lover dans la rue dans un nuage plein de douceur et de tranquillité, où le verre des carreaux cassés repousse tout seul, où les murs respirent, où... Je pourrais continuer comme ça pendant longtemps, sans parvenir à rendre compte de la fantasmagorie de ce monde. L'histoire est pourtant loin d'être naïve, loin de là, puisqu'on retrouve sans peine sous toute cette poésie les inquiétudes intemporelles de notre société. Au départ belle et drôle, l'intrigue suit une surprenante évolution jusqu'à un final des plus émouvants. 

Une lecture qui, vous l'aurez compris, m'a envoûtée, et que je recommande sans modération.


"C'est parce qu'on leur a dit : "Le travail, c'est sacré, c'est bien, c'est beau, c'est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout." Seulement, on s'arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter."

"Partre s'était levé et présentait au public des échantillons de vomi empaillé. Le plus joli, pomme crue et vin rouge, obtint un franc succès."

"La souris se croisa les bras et se mit à mâchonner d'un air absent, puis recracha précipitamment en sentant le goût du chewing-gum pour chats. Le marchand s'était trompé."



mercredi 13 mars 2013

14 - Trafic au plus bas


Auteur : David Donachie
Éditeur : Libretto
Publié en : 2001

Cette nouvelle aventure des frères Ludlow se place parfaitement dans la continuité des événements d'Une chance du diable. Harry et James sont de passage dans le port de Gênes, en Italie, et cherchent à acquérir un nouveau navire en remplacement de celui qu'ils ont perdu récemment. Mais Gênes est une ville très dangereuse, qui se veut neutre dans le conflit franco-anglais, et qui cherche à tirer profits de tous les partis possibles pour prospérer... C'est ainsi que les deux frères, accompagnés de leur loyal serviteur Pender, vont encore une fois se retrouver entourés de cadavres, et essaieront à la fois de survivre à ceux qui veulent les assassiner et à les démasquer pour mettre fin à leurs agissements.

Passés les premiers chapitres, dans lesquels la politique de la marine et les tactiques fluviales assomment un peu les non initiés (dont je fais partie), l'histoire prend rapidement de l'ampleur jusqu'à redevenir aussi intéressante que l'intrigue d'Une chance du diable. Le crime est tout aussi crapuleux, les révélations tout aussi honteuses, l'histoire tout aussi pleine de rebondissements, mais j'ai quand même moins savouré ce second tome des aventures des frères Ludlow, qui se perd par moments en discours nautiques à n'en plus finir... Par contre, on commence à bien mieux connaître Harry et James, ainsi que Pender, qui forment un trio haut en couleurs et diablement efficace : ils sont drôles, ils ont de l'esprit et de la répartie, et il est bien difficile de s'ennuyer avec eux. Le meilleur moment du livre selon moi, une superbe bataille navale qui court sur plusieurs chapitres, pleine de subtilités nautiques et d'action !

Vivement la suite !

 
"- Tu as la singulière habitude d'appeler un plan quelque chose que tu viens d'échafauder à la diable. Le moment est peut-être venu de t'annoncer que ton plan est un échec retentissant."

"- Donc, nous n'avons rien à redouter ? s'enquit James sans cesser de regarder la fenêtre.
- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais puisque j'ignore quel est le danger, si danger il y a, et que je ne puis par conséquent y changer quoi que ce soit, je ne crois pas utile de m'en faire."


vendredi 1 mars 2013

13 - Une chance du diable

Auteur : David Donachie
Éditeur : Phébus
Publié en : 2000

Voici le genre de livres qui réveille ma fibre bretonne, celle qui m'attire inlassablement vers la mer... Une chance du diable narre l'histoire des frères Ludlow. Harry est le capitaine d'un navire de corsaires, expérimenté, avec un sens de l'honneur aigu et un caractère bien trempé. Son jeune frère, James, est tout l'opposé, un gentleman raffiné, limite arrogant, érudit et plein de bonnes manières, un artiste doué lorsqu'il s'agit de dessin. Une très vieille rancune envers Harry amène les deux frères à se retrouver à bord d'un navire de la marine royale anglaise commandé d'une main très (trop) ferme par le capitaine Carter. Harry et le capitaine se connaissent en effet depuis plusieurs années, et ont toujours eu des relations très tendues, jusqu'à en venir aux mains. Ce qui, à l'époque, a eu de très mauvaises conséquences sur leurs deux carrières respectives... Cette animosité va se répandre dans tout le navire, jusqu'au moment fatidique où...

Un meurtre, un coupable bien trop évident, une enquête palpitante dans le milieu marin, voilà ce que nous propose David Donachie dans ce roman. Nous avons ici un superbe portrait de la marine, des enjeux politiques qui la régissent, des règles de hiérarchie, de la vie à bord d'un navire, impitoyable et qui n'offre aucun cadeau. Cette histoire est pleine d'action et de rebondissements, laissant tout de même la part belle à la réflexion et à la résolution de ce crime mystérieux. Une chance du diable n'est certes pas le roman le plus passionnant que j'ai lu, mais j'ai passé un très bon moment. En tous cas, le dépaysement est garanti ! Je m'en vais de ce pas retrouver les frères Ludlow dans un autre titre de David Donachie, Trafic au plus bas.


"Nul ne songeait à paresser lorsque son navire était mené par un homme comme Carter. Dans la Marine, de nombreuses fautes étaient passibles du fouet et s'attarder dans son hamac en était une."

"Si les gens se mettaient à se donner des coups de couteau à la moindre parole de travers, l'avancement serait rapide au sein de la marine royale, considérant de quelle façon les officiers ne cessent de se piétiner la susceptibilité."

"- Il n'a plus qu'une balle, fit observer un de ceux qui se trouvaient sur le devant.
- T'as raison, Smithy. Tu te la prends et je te promets qu'on te vengera."