vendredi 14 décembre 2012

55 - Dans les veines

Auteur : Morgane Caussarieu
Éditeur : Mnémos
Écrit en : 2012

Loin des trucs végétariens brillant au soleil de Stéphanie Meyer qui se font appeler vampires, il existe encore heureusement des auteurs qui ne dénaturent pas le mythe et redonnent un peu de charisme à ces créatures de la nuit. Morgane Caussarieu en fait partie. Et elle commence fort avec son premier roman, Dans les veines.

Déjà, le premier chapitre nous donne le ton du livre. Dans le métro, une femme aux longs cheveux noirs serre un bébé dans ses bras, une scène plutôt émouvante pour les autres voyageurs... Sauf que le nourrisson sera jeté dans une poubelle un peu plus tard, exsangue et froid... Chapitre après chapitre, nous faisons la connaissance d'un groupe de vampires fraîchement installés à Bordeaux, se nourrissant de la population de la ville. Gabriel, leur chef, a l'apparence d'un enfant de 8 ans, et aime particulièrement la chair tendre des jeunes. Saiko, sa Mère, une Asiatique, lui est totalement soumise. Damian, son Grand Frère, préfère jeûner quelques jours afin de pleinement savourer ses repas. J.-C., à l'apparence punk, se nourrissant de préférence de drogués, se croit l'incarnation parfaite du vampire du XXe siècle... Et puis il y a Lily, une jeune lycéenne mal dans sa peau, qui a trouvé chez Damian une tristesse profonde qui fait écho à la sienne... Mais les cadavres s'accumulent et attirent l'attention de la police, dont fait partie le père de Lily, qui ne va pas tarder à aller fouiner dans toute cette petite communauté...

C'est un roman très accrocheur et envoûtant que nous offre ici Morgane Caussarieu. Le fantastique et la réalité s'entremêlent parfaitement, et l'intrigue générale est très bien menée. Le langage cru, violent, souvent vulgaire convient parfaitement à cet univers underground que l'auteure a ici retranscrit, et à cette histoire dans laquelle tous les tabous sont levés (meurtres d'enfants, torture, viols, inceste...). Les personnages sont très charismatique et profonds, ils ont tous une raison d'être et on s'attache facilement, même aux plus cruels d'entre eux. Mais j'avoue que certaines scènes m'ont vraiment choquée. En voulant aller au bout des choses, peut-être est-elle parfois allée un peu trop loin. Les tortures décrites sont réellement malsaines et j'ai plusieurs fois été dégoûtée par ces mutilations, peut-être parce qu'elles ont atteint en moi cette part sombre tapie à l'intérieur de chacun.

Mais j'ai quand même pris beaucoup de plaisir à lire ce roman addictif, et malgré ces scènes de tortures que je trouve superflues, j'en garde un très bon souvenir et j'attends de voir l'évolution de cette jeune auteure avec impatience.



" Elle enleva les mains de son nez et huma le parfum de la mort à pleines narines. Une fragrance abominable de merde et de pourriture. Au risque de contredire Baudelaire, elle ne trouvait aucune beauté, aucun romantisme à cette charogne infâme. "

" La même avait une peau en pain d'épice et des nattes de paille tressées. Ses genoux potelés, sous sa mignonne robe fuchsia, étaient écorchés et exhalaient un sulfureux mélange de sang et de Bétadine. Les contours de sa moue boudeuse étaient sculptés avec du chocolat fondu et elle sentait le chlore de la piscine. A croquer. "


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