vendredi 25 mai 2012

23 - Un brillant avenir

Auteur : Catherine Cusset
Éditeur : Folio
Écrit en : 2008

Bon... Après J'ai embrassé un zombie (et j'ai adoré), que je n'ai pas adoré du tout, j'avoue que j'ai envie de "vraie littérature", et quoi de mieux qu'un Goncourt des Lycéens pour ça ? En tous cas, les quelques titres ayant reçu cette distinction que j'ai lus m'ont beaucoup plu. Je me lance donc dans la lecture d'Un brillant avenir, primé en 2008. J'avoue que je ne sais pas du tout à quoi m'attendre, la 4e ne m'aurait jamais incitée à lire ce livre sans le Goncourt des Lycéens.

Helen et Jacob sont un couple d'un certain âge installés aux États-Unis après avoir émigré de Roumanie. Ils ont très bien réussi professionnellement à s'intégrer, et ont un fils, Alexandru, un jeune homme brillant, diplômé d'Harvard et marié à une française, Marie. Le bonheur leur sourit. Mais le début de ce roman nous amène à un moment pas si heureux que ça. On y découvre une Helen qui n'en peut plus de prendre soin d'un Jacob malade, et qui, malgré l'amour qu'elle lui porte toujours, décide de ne plus partager son lit. Au milieu de la nuit, Helen découvre Jacob sans connaissance dans sa chambre glacée, avec un sachet plastique sur la tête... Il a essayé de se suicider. C'est le point de départ de cette histoire, mais également le point d'arrivée car les chapitres suivants sont composés de flashbacks plus ou moins récents dans le passé d'Helen.

On y découvre son enfance en Roumanie, sa réussite scolaire, sa rencontre avec Jacob et les conditions dans lesquelles ils ont dû fuir Bucarest pour se réfugier en Israël, en Italie et finalement aux États-Unis. Mais on vit parallèlement à sa jeunesse une période plus tardive, celle de sa rencontre avec celle qui deviendra sa belle-fille, Marie, qu'elle ne voit pas du tout comme la femme idéale dont elle avait rêvé pour son fils.

Des bribes de l'histoire d'Helen donc, qui nous permettent de rapprocher et de superposer son propre vécu à celui de Marie. C'est un portrait complet de ces deux femmes que nous brosse ici Catherine Cusset, deux femmes si différentes et qui ont malgré tout un point commun : leur amour pour Alexandru. A travers leur vécu, on assiste à un choc des cultures, à une véritable incompréhension de l'autre. Helen et Marie vont être confrontées tout au long du roman à ces différences, mais finiront petit à petit à se comprendre et à se respecter. En toile de fond, l'auteur nous parle de la Roumanie communiste, de l'antisémitisme, de l'immigration... Autant de sujets qui peuvent paraître lourds et indigestes, mais qui donnent une vraie profondeur à cette histoire et permettent au lecteur de comprendre qui est Helen.

Je voulais de la vraie littérature, je suis servie avec l'histoire de cette jeune fille brillante, si attachante, contrainte de quitter son pays et sa dictature, ses parents et leurs principes, et de suivre celui qu'elle aime dans un pays totalement inconnu dans le seul but d'être libre... Un ouvrage loin de ce que j'ai l'habitude de lire, mais tellement bien écrit !

mardi 22 mai 2012

22 - J'ai embrassé un zombie (et j'ai adoré)

Auteur : Adam Selzer
Éditeur : Albin Michel
Écrit en : 2010

Je passe un peu du coq à l'âne avec ce titre, mais après La Maison où je suis mort autrefois, j'avais besoin d'un peu de légèreté.

Alley est une jeune lycéenne, chroniqueuse dans le journal scolaire, rubrique musique. Nous sommes à l'ère "post-humaine", une ère très semblable à la nôtre, mais dans laquelle les vampires et autres morts vivants ont été obligés de faire leur coming out et d'annoncer aux humains leur existence, suite à une macabre affaire. Un magasin avait réanimé des centaines de mort pour en faire une main d’œuvre pas chère et exploitée, soulevant ainsi la colère de leurs pairs non vivants et les forçant à sortir de l'ombre pour faire reconnaître leurs droits. Humains, vampires, zombies... Tout ce beau petit monde se côtoie sans problèmes, même si les non-vivants ne sont pas aimés de tout le monde, encore moins d'Alley, qui les prend souvent pour cibles de ses sarcasmes.

Lors d'un concert qu'elle doit chroniquer, Alley tombe sous le charme de Doug, un mystérieux jeune homme au look gothique... Ils sortent ensemble et là le dicton "l'amour rend aveugle" prend tout son sens : Doug a la peau grisâtre, il ne mange pas, il est froid, il boit un étrange médicament toutes les 4 heures sinon il n'a plus de voix et devient tout bizarre, lequel médicament lui est fourni gratuitement par le magasin qui a exploité les zombies... Pas besoin d'avoir fait des études pour aboutir à la conclusion qu'il est loin d'être humain, mais Alley ne voit rien, jusqu'au jour où (mieux vaut tard que jamais), elle comprend qui il est réellement...

Bon, je voulais de la légèreté, j'en ai eu. Mais je n'en demandais pas autant... En même temps il s'agit d'un livre pour ado, mais dans cette catégorie j'avais déjà eu de meilleures surprises que celle-là (je pense notamment à Hex Hall). Il n'y a aucun suspense, l'histoire et les personnages sont fades, on sait dès les premières lignes ce qu'il va se passer. Je me suis souvent ennuyée et j'ai eu envie d'arrêter plusieurs fois, mais je n'aime pas abandonner un livre en plein milieu. J'avoue malgré tout que l'écriture est souvent drôle, et je ne nie pas que ce livre m'a quand même un tantinet distraite... Mais c'est bien son unique atout.


21 - La maison où je suis mort autrefois

Auteur : Keigo Higashino
Éditeur : Actes Sud
Écrit en : 1994

Gros coup de cœur d'Ylgana, et voguant sur mon intérêt encore récent et inassouvi pour la littérature japonaise, ce titre de Keigo Higashino me faisait de l’œil depuis quelques temps déjà. Le moment est donc venu pour moi de me plonger dans cette étrange histoire...

Sayaka est une jeune femme mariée à un homme souvent absent et indifférent aux affaires familiales, mère d'une petite fille qu'elle maltraite. Après avoir été contrainte de confier sa fille à sa belle-famille car elle est incapable de s'en occuper, elle décide de chercher la source de ce comportement dans sa propre enfance, dont elle n'a bizarrement aucun souvenir jusqu'à l'âge de 5 ans. Suite à la mort de son père, elle découvre une étrange clé en forme de tête de lion et pense que la maison qu'elle ouvre recèle tous ses souvenirs. Afin de l'aider, car elle sait qu'elle ne peut y arriver seule, Sayaka fait appel à son amour de jeunesse qu'elle n'a pas revu depuis des années, et qui a publié dans une revue scientifique un article sur la maltraitance des enfants. Ils arrivent donc ensemble dans cette maison mystérieuse, dans laquelle le temps semble s'être arrêté 23 années plus tôt...

J'ai tout simplement a-do-ré cette histoire de Keigo Higashino. Du début à la fin, on vit cette quête dans une atmosphère oppressante, pesante, dans laquelle on avance silencieusement, sur la pointe des pieds. Je me suis surprise à arrêter de respirer à certains passages, ou encore à avoir le cœur qui battait bien trop vite à d'autres. C'est une histoire totalement addictive, quand on la commence, on ne peut rien faire d'autre qu'y penser encore et encore, on n'en sort jamais vraiment, jusqu'à la révélation... Un livre incontournable, superbement écrit, dans ce contexte japonais si particulier que j'affectionne tant...

Keigo Higashino a écrit d'autres livres traduits en français, je compte bien les découvrir bientôt !

mercredi 16 mai 2012

20 - Stardust

Auteur : Neil Gaiman
Éditeur : J'ai Lu
Écrit en : 1999

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre qui commence par "Il était une fois". Quel régal de se plonger dans l'univers de Neil Gaiman !  Car l'auteur nous offre ici un véritable conte, plein de magie, de péripéties et d'aventures en tous genre, dans un monde  immense et passionnant.

Wall est un paisible village dans lequel vit Dunstan Thorn. Un village qui porte bien son nom, car il  est bordé par un énorme mur, gardé jour et nuit par les habitants du village. Au-delà ce mur, c'est Féérie, une immense contrée peuplée de créatures magiques en tous genre, des fées, des gnomes, des sorcières, des nymphes... un endroit où les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent. Il est absolument interdit de se rendre en Féérie, excepté une fois tous les 9 ans, à l'occasion d'une grande foire permettant aux habitants des deux côtés du mur de faire commerce de leurs rares denrées. A l'occasion de cette foire, Dunstan proposera son toit à un voyageur, qui lui offre en échange l’Élue de son Cœur, à lui, à son premier né, et au premier né de son premier né. Dunstan ne comprend pas du tout ce que ça veut dire (nous non plus d'ailleurs...). Mais à la foire du lendemain, il tombe sous le charme (ou l'enchantement ?) d'une demoiselle de l'autre côté du mur, qu'il rejoindra la nuit pour faire des folies avant de la quitter à tout jamais. Quelques mois plus tard, un bébé sera déposé derrière le mur, à Wall, du nom de Tristran Thorn. Ainsi commence cette histoire...

Tristran grandit dans l'ignorance de ses origines, et tombe follement amoureux d'une belle jeune fille adulée de tout le village : Victoria. Il lui promet monts et merveilles si elle consent à lui donner un baiser, lorsqu'une étoile filante tombe du ciel. Victoria, dédaigneuse et totalement désintéressée par l'amour de Tristran, accepte alors de lui accorder tout ce qu'il souhaite, i compris sa main, s'il lui rapporte cette étoile tout juste tombée de l'autre côté du mur. Celle-ci et aucune autre... C'est ainsi que commence le périple de Tristran, qui va traverser les merveilles de Féérie, rencontrer des personnages plus magiques et étranges les uns que les autres, échapper à la reine des Sorcières, chevaucher une Licorne, kidnapper une pauvre Étoile blessée pour ensuite essayer de la sauver des dangers qui la menacent... Et tout ça pour l’Élue de son Cœur.

Nous avons ici tous les éléments nécessaires à un magnifique conte, que j'imagine tout à fait raconté par un "ancien" au coin du feu le soir... De l'action, de l'amour, de la magie, du suspense... Le tout dans l'univers toujours si passionnant de Neil Gaimann. Stardust est tout simplement une histoire à découvrir et à redécouvrir pour ravir notre âme d'enfant !



vendredi 11 mai 2012

19 - La ballade de l'impossible

Auteur : Haruki Murakami
Éditeur : 10/18
Écrit en : 1987

Me voici replongée pour quelques jours dans le doux rêve que représente la littérature "murakamienne". Car encore une fois, c'est un monde calme et poétique qui s'ouvre à nous dans cette Ballade de l'impossible, même si je n'y ai pas retrouvé la fantaisie fantastique que je pensais commune à toutes les œuvres du Grand Maître.

Nous suivons l'histoire de Watanabe, du lycée jusqu'à l'âge adulte. Adolescent, son meilleur ami était Kizuki, un jeune homme adorable, ouvert, qui savait se faire aimer. Watanabe appréciait beaucoup les moments passés avec Kizuki et sa petite amie, Naoko. Jusqu'au jour où Kizuki est mort. Watanabe et Naoko se sont alors perdus de vue, puis retrouvés quelques années plus tard à Tokyo, par hasard. Ils ont vécu chacun à leur manière la perte de cet être cher, et c'est avec cette ombre dans les yeux qu'ils vont devenir amis, amoureux puis finalement coucher ensemble. Mais au lieu d'être le début de quelque chose, cet acte n'a pour conséquence que leur séparation, car Naoko est fragile et a été très profondément touchée par la perte de Kizumi. Elle s'enfuit donc afin de trouver la paix et la guérison dans une maison pour les gens "comme elle", loin de tout et loin du monde, où elle pourra petit à petit se reconstruire. A Tokyo, Watanabe se lie d'amitié avec une étrange jeune fille, Midori, d'apparence gaie et extravertie, mais qui vit et exprime à sa manière ses propres douleurs...

Le sujet peut paraître banal et souvent traité en littérature. Mais ce que Murakami nous offre ici, c'est bien plus qu'une simple histoire. C'est la vision sans tabous de l'adolescence à fleur de peau, de la douleur face à la perte d'un être cher... C'est la vision de personnes qui cherchent à comprendre le monde et à se comprendre elles-mêmes... C'est la vision de la reconstruction de soi face à la vie et aux malheurs qu'on peut être amenés à surmonter. Le tout dans un style si poétique, si magnifique, que l'on croirait flotter au travers de cette histoire et de ses personnages. On vit ce qu'ils vivent, comme si on y était, mais de manière détachée. C'est une impression difficile à expliquer, que j'avais déjà eue en lisant d'autres livres de Murakami, mais qui m'a beaucoup plus marquée ici, dans La ballade de l'impossible. Jusqu'à présent il y avait toujours une touche de fantastique dans les ouvrages que j'ai lus de cet auteur, qu'on ne retrouve pas ici, mais cela ne fait en rien défaut à la qualité de cette histoire. Comme toujours, Haruki Murakami m'a ravie.

jeudi 3 mai 2012

18 - Club Dumas

Auteur : Arturo Pérez-Reverte
Éditeur : JC Lattès
Écrit en : 1993

J'ai deux sources principales d'inspiration pour la lecture, Ylgana, qui m'a entre autres conseillé Terry Pratchett ou Arnaldur Indridason, et Cécile, qui a des lectures plus éclectiques et qui n'hésite pas à me faire partager ses coups de cœur. Club Dumas en est un. J'avais entendu parler de La Neuvième Porte, film de Roman Polanski avec Johnny Depp (d'où la couverture du livre), mais je ne l'avais pas vu et j'ignorais totalement que c'était une adaptation de ce roman.

Me voici donc projetée dès les premières pages dans un univers qui me passionne, celui des livres. Car les personnages sont des bibliophiles avertis, comme Lucas Corso, un chasseur de livres rares et anciens. Ses clients, des particuliers ou des libraires particulièrement riches, font appel à lui lorsqu'ils veulent mettre la main sur un ouvrage particulier, de telle édition, de telle année... ou encore pour authentifier un manuscrit qu'ils ont pu dénicher. C'est ainsi que Corso se retrouve avec deux affaires à résoudre : un chapitre manuscrit des Trois Mousquetaires à authentifier, et un exemplaire des Neuf portes du royaume des ombres, dont il n'existe que trois spécimens au monde, un seul étant authentique, d'après la légende.

Le manuscrit du Vin d'Anjou, chapitre des Trois Mousquetaires, va poser beaucoup de questions et de problèmes à notre chasseur de livres, qui sera rapidement l'objet de tentatives de meurtre d'un inconnu ressemblant étrangement à Rochefort, et rencontrera à plusieurs reprises la veuve du précédent propriétaire de ce manuscrit lui rappelant sans cesse Milady. Les Neuf portes, quant à lui, est un ouvrage très particulier par son vécu. Il est passé au travers des siècles comme étant un livre diabolique permettant d'invoquer les démons et comporte neuf xylographies intrigantes. Deux affaires a priori sans aucun rapport, mais qui vont s'entrecouper et se rejoindre tout au long de l'histoire.

C'est donc un parcours étrange, diabolique et jonché de cadavres qui attend Corso, dans cet univers passionnant qu'est la bibliophilie. L'auteur nous entraîne dans son histoire en disséminant les indices qui permettent au lecteur d'avancer dans son enquête, parallèlement au détective. Car même si mon esprit est beaucoup moins érudit (et ce n'est pas peu dire) et intelligent que celui du chasseur de livres, je me suis beaucoup amusée à dénicher la moindre piste qui me mettrait sur la voie. Car il n'y a pas plus curieux comme intrigue, et on a envie de savoir où Arturo Pérez-Reverte nous emmène, ce qu'il veut nous faire découvrir, et surtout, quel lien peut bien exister entre ces deux ouvrages si différents.

J'ai particulièrement aimé les passages de l'expertise des Neuf portes, et de ses comparaisons avec les exemplaires Deux et Trois. L'ouvrage est décortiqué dans les moindres détails, du type de reliure à la composition du papier, de l'usure de l'encre à la qualité de la gravure... Passionnant ! Cet ouvrage est également une mine d'informations extrêmement riche sur l’œuvre et la vie d'Alexandre Dumas, sur le monde des livres et de la bibliophilie en général.

Un petit bémol quand même, concernant la fin de l'ouvrage, que j'avais espérée plus spectaculaire, plus fantastique, différente en tous cas. Mais cela n'enlève rien au charme de cet ouvrage, qui est un vrai régal alternant suspense et savoir. Merci à Cécile de me l'avoir fait découvrir !